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COMPTE RENDU
L’inquiétante pénurie de l’anti-venin FAV-Afrique
Le Monde.fr Le 09.09.2015
C’est un
outil précieux que perdront les médecins africains fin 2016. A cette date,
les derniers lots de FAV-Afrique,
un sérum anti-venin très efficace contre la morsure de serpents, auront été
épuisés. Et il n’y aura pas de nouvelle livraison : Sanofi, son inventeur, a arrêté en 2014 la
fabrication, faute de clients. « Quand la décision a été prise en
2010, nous ne vendions plus que 5 000 doses contre 30 000
quelques années auparavant », explique Alain Bernal, porte-parole
de Sanofi-Pasteur.
Pour Médecins sans frontière (MSF), le FAV-Afrique était inabordable pour
la majorité des patients. « A 100 euros la dose, le
marché était nécessairement limité », insiste Julien Potet,
responsable des campagnes d’accès aux médicaments essentiels au sein de l’ONG.
Ironie de l’histoire,
les 20 000 dernières doses ont été écoulées en six mois. Un record.
D’autres anti-venins sont commercialisés en Afrique, en majorité fabriqués
par des laboratoires indiens. Moins chers, ils sont aussi nettement moins
efficaces. « FAV-Afrique est l’un des rares produits capables de neutraliser le venin de dix serpents à
travers l’Afrique subsaharienne, et qui a prouvé son efficacité à sauver des
vies », insiste MSF.
« Une maladie
négligée »
De son côté, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) constate « l’arrivée
sur certains marchés de sérums inadaptés, non testés, voire contrefaits »,
et s’inquiète de la rupture de stock « imminente » d’anti-venins
efficaces alors que les morsures de serpent concernent 5 millions de
personnes par an et sont la cause de 100 000 décès. Et environ trois
fois plus souffrent de graves séquelles (le plus souvent liées à une
amputation). Les enfants sont les premières victimes, en raison de leur faible
corpulence.
Sanofi est en discussion avec plusieurs laboratoire susceptibles de reprendre la
production de son sérum. « Mais on ne se bouscule pas »,
reconnaît Alain Bernal. Le business model n’a rien d’évident, comme c’est le
cas pour la plupart des médicaments destinés à des patients peu ou pas
solvables. L’OMS ne dispose ainsi d’aucun programme officiel pour lutter contre
les morsures de serpents, considérées comme « une maladie négligée ».
« Actuellement, aucun important
bailleur de fonds ne finance le coût du traitement [malgré] l’ampleur des
décès et des blessures causées par des morsures de serpent », regrette MSF. « La question est également
négligée dans bon nombre des pays les plus touchés, avec des gouvernements et
des ministères de la santé qui ne parviennent pas à former le
personnel de santé dans le diagnostic et la gestion des cas d’empoisonnement
par morsure de serpent ». Une étude à pourtant démontré qu’il
s’agissait d’une des interventions les plus rentables en matière de santé
publique.
« Prendre des
mesures immédiates »
Dans la savane africaine, on compte plus de 100 morsures par an pour
100 000 personnes, avec un taux de mortalité de 10 à 12 % en
l’absence de traitement.
Selon MSF, la pénurie de FAV-Afrique, se poursuivra au moins jusqu’à la fin
de l’année 2018 et se traduira par « d’innombrables décès ». « Les
acteurs mondiaux de la santé, les bailleurs de fonds, les gouvernements et les
compagnies pharmaceutiques doivent assumer leur
part de responsabilité face à cette négligence et considérer les morsures de serpent comme une crise de
santé publique face à laquelle ils doivent prendre collectivement
des mesures immédiates et appropriées », conclut MSF.
Commentaire : Suite à ce qui précède,
voilà une information pertinente qui devrait concerner les Dirigeants africains
et faire prendre conscience à certains Gouvernements au Sud du Sahara de la nécessité
de transférer des technologies et des licences de production biomédicale y afférentes.
Il y va de la santé publique des populations exposées aux dangers des morsures des
serpents. Mais hélas ! Il doit exister des lobbies des Laboratoires asiatiques
de fabrications des faux médicaments et de la contrefaçon qui n’aimeraient surtout
pas voir une telle fabrication des sérums s’installer en Afrique ; ce qui nuirait
à leurs intérêts mafieux. Gody Munap
(Lyon, 10 septembre 2015)
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